Leben - En vie, un livre de David Wagner
Leben, tel est le magnifique titre du dernier livre de David Wagner, un auteur allemand que j'ai découvert au Salon Littérature et Journalisme à Metz !! Ce n'est pas tout à fait un récit autobiographique, mais le vécu du narrateur n'est pas très éloigné de celui de David Wagner. Les premières pages font un zoom sur la situation de cet homme quadragénaire et malade : son foie est totalement fichu, c'est comme ça depuis l'adolescence. Une malchance génétique. Les choses s'accélèrent soudain la quarantaine venue : le narrateur vomit du sang et doit impérativement subir une greffe, sans quoi c'est la mort assurée. Dans un premier temps, en l'absence de cette greffe, il est hospitalisé, trituré, manipulé, plongé dans des scanners qui lui font l'effet d'entrer dans un four où on va le dorer à point. Le voilà privé de toute autonomie et livré aux mains des infirmières, suspendu aux bilans des médecins.
Un jour, un appel le prévient : on a un donneur. La greffe se passe bien. Le narrateur reste longuement à l'hôpital. L'occasion, pour lui, de songer à son passé. Des absents le visitent. Des morts, des perdus de vue, des amours envolées. Des vivants aussi, qui l'ancrent dans la vie et dans l'envie de la poursuivre. Sa fille, notamment. Et d'autres membres de sa famille. Il se bat uniquement pour eux et pour le sourire de cette gamine qui accueille avec un entrain communicatif l'orée de chaque jour. Il baisserait bien les bras parfois. Une nuit, il se réveille la joie au cœur puis, quelques heures plus tard, c'est la déréliction. Variations de température, variations de moral. Un condensé de la vie, mais en plus ébouriffé, en plus barge parce que traversé par des hallucinations, des fatigues extrêmes, une usure aussi, parfois. En allemand comme en français, le livre porte bien son nom (le titre a été traduit par En vie en français).
David Wagner décrit ici des états que l'on a tous connus, tantôt le mal de vivre, tantôt la plénitude face à ce que le monde offre de meilleur : dans un arbre, le souffle du vent qui imite le ressac, dans un parc, un merle qui siffle. Au lever, un enfant qui rit aux éclats au-dessus de son bol de chocolat au lait.
Que cela fait du bien de lire tout cela ! La plume de David Wagner est fluide et aérienne, son style limpide. Vraiment un beau moment de lecture, et l'on se dit que l'on n'est pas seul face à son putain de désespoir puisqu'un autre l'a vécu, en a exploré tous les coins et les recoins, pour aboutir à cette conclusion chantante : vivre n'est pas toujours facile, mais être en vie est merveilleux !