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La nuit du cœur, de Christian BOBIN

Ceci n'est pas un récit de voyage, et pourtant... Pourtant, cela vous a des allures de grand large et d'horizons ouverts à tous les vents ! Le point de départ, c'est l'abbaye de Conques, en face de laquelle l'auteur est amené à dormir par une nuit d'été. Une rencontre a lieu. Elles ne sont pas légion, si l'on en croit Bobin. Et on veut bien le croire car, à le lire et le relire, on a fini par comprendre qu'il avait quelque chose d'un sage. De la plus belle espèce qui soit au demeurant : un sage qui s'ignore. L'étiquette ne lui plairait sans doute pas, lui qui traverse cette vie avec la dégaine d'un joyeux siffloteur ! Mais qu'on n'aille pas s'y méprendre : cette légèreté n'exclut pas une certaine gravité. Et même une gravité certaine. Ce livre en est une preuve de plus. Il retrace la rencontre d'un homme (d'un poète, devrais-je dire) avec un lieu, et ce dernier finit par cristalliser en son centre de silence les présences et les lumières, mais aussi et peut-être surtout les absences et les ombres. En découle une impression de clair-obscur qui nous promène d'une page à l'autre, nous faisant passer successivement d'une étincelle à un coin de ténèbre, d'un coin de ténèbre à une étincelle. Les morts imposent soudain leur présence, et notamment G., l'amour trop tôt disparu, ainsi que le père de l'auteur. Des souvenirs reviennent, surgissant un peu comme se dresse l'abbaye de Conques.

Ceci n'est pas un récit de voyage, écrivais-je plus haut, et pourtant La nuit du cœur invite à voyager en soi. Cela pourrait être un petit bréviaire, un compagnon de route pour toutes saisons. On viendrait y picorer çà et là quelques phrases à enfouir en soi comme autant de trésors, et à siroter longuement. Ceci, par exemple : « Une violette dans un sous-bois. L'éclat de son silence. On reconnaît l'amour à ce qui le menace et tout le menace ». Ou bien encore : « Le brouillard comme une preuve de nos aveuglements : vous raisonnez, vous bâtissez mais rien de ce que vous faites ne durera plus que cette confusion passagère de l'air et de l'eau ».

La nuit du cœur ou comment y semer, en cette nuit, quantité de lucioles destinées à l'éclairer...

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