Je me promets d'éclatantes revanches, un livre de Valentine GOBY
Le soleil est facétieux aujourd'hui : tantôt il nous réchauffe lourdement, tantôt il disparaît derrière une épaisse masse de nuages. Cette alternance d'ombre et de lumière, de fraîcheur et de douceur, me fait penser à la vie en général, et à celle de Charlotte Delbo en particulier. Je viens de refermer le livre que Valentine Goby a consacré à cette femme, et je reste éblouie par tant de grâce : celle qu'engendrèrent les plumes de l'une et de l'autre. Tout au long du livre, les mots de Valentine Goby et ceux de Charlotte Delbo s'entremêlent et se répondent comme en écho.
Je me promets d'éclatantes revanches est ce que Valentine Goby appelle une lecture intime de Charlotte Delbo. Le titre est issu d'une lettre que Charlotte Delbo écrivit à Louis Jouvet peu après la Seconde Guerre mondiale. Sûr que l'on se souhaite d'éclatantes revanches lorsque l'on a connu la déportation et la perte de l'être aimé (en l'occurrence Georges Dudach, qui sera fusillé en 1942, à l'âge de vingt-huit ans).
Ces éclatantes revanches, Charlotte Delbo les connut-elle vraiment ? Sans doute, si l'on en croit la substance même de ses écrits, où s'affirme de page en page une préférence pour la vie. Si l'écriture fut pour elle une manière de sauver des voix de camarades entendues à Auschwitz et à Ravensbrück, elle fut aussi ce qui lui permit d'intégrer l'horreur, puis de la dépasser. À Jacques Chancel qui lui disait qu'en écrivant sur ce sujet, Charlotte Delbo s'emprisonnait, celle-ci répondit fermement : « Non ! Non, non, non ! ». L'écriture eut le pouvoir de la placer définitivement du côté de la vie et de l'action.
Une fois achevée cette lecture, on n'a qu'une envie : se plonger dans l'œuvre de Charlotte Delbo. Pas de doute : Valentine Goby a réussi son pari...