La poupée, de Daphné Du Maurier
Des couples qui se perdent (mais s'étaient-ils jamais trouvés ? Ou, pour le dire autrement : s'étaient-ils jamais trouvés ailleurs que dans leur imagination et l'illusion grotesque des débuts fanfarons ?), un pasteur qui jouit d'une irrésistible aura, mais dont le cœur est rempli d'ordures, des désirs qui couvent sous la cendre et s'enflamment pour un infime semblant de braise, une île aux contours fantomatiques, sur laquelle il ne se passe jamais rien, sauf une fois, et ce sera la fois de trop : c'est tout cela que la plume de Daphné Du Maurier explore avec une précision d'horloger. Le style est limpide et pur. Par un joli tour de force, il se met, sans avoir l'air d'y toucher, au service des plus froides descriptions ! C'est avec beaucoup d'élégance et de panache que Daphné Du Maurier dépeint la cruauté, la bêtise, la duperie, les échecs, les mauvaises intentions cachées derrière une apparente bonté ! L'humanité semble ne jamais pouvoir trouver grâce à ses yeux. Nous sommes humains, trop humains, cruels, trop cruels, couards, trop couards sous le scalpel acéré de sa plume !
La poupée est un recueil de nouvelles impitoyables. Le style, endimanché comme pour une fête mondaine, a la fureur d'un galop qui lacère tout sur son passage. À peine a-t-on commencé à admirer la robe des chevaux qu'ils vous foncent dessus !
Voilà un petit joyau qui aurait pu s'intituler Contes de la cruauté ordinaire !
Commentaires
Retour sur Le vieux roi en son exil (Arno Geiger). Je l 'ai emprunté à la mediathèque et lu avec beaucoup d'intérêt et d'émotion. C'est un tres beau livre sur la relation avec son parent vieillissant. Merci encore pour cette suggestion. Il faut absolument que les éditions Gallimard rééditent cet ouvrage!