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  • Ce qu'on devient, un roman d'Anne-Sophie Brasme

    Dans Ce qu'on devient, d'Anne-Sophie Brasme, la narratrice s'appelle Sophie B. Elle a écrit un premier roman à seize ans, et ce fut un succès. Ce qui rappelle étrangement l'histoire d'Anne-Sophie Brasme, qui se fit connaître à dix-sept ans avec Respire.

    Les ressemblances entre la narratrice et l'autrice ne s'arrêtent sans doute pas à ce seul fait, mais là n'est pas la question. La question ou plutôt les questions que pose ce livre se résument à son titre : Ce qu'on devient. Le récit commence par une lettre que la narratrice, alors âgée de seize ans, écrit à son moi futur. À celle qu'elle sera devenue dans vingt ans. Elle se souhaite une vie équilibrée, où l'écriture occuperait une grande place, mais pas toute la place. Elle pressent que rien ne se passera comme elle l'a rêvé.

    Et le roman se charge de nous dévoiler ce qu'est devenue cette jeune fille de seize ans. On la voit évoluer dans ses amitiés d'adolescente, dans ses amours, dans ses études. Plus tard, on apprend ce qu'il sera advenu des belles amitiés. On découvre la narratrice sous la coupe d'un homme qu'elle aime éperdument depuis longtemps. Il l'a accueillie dans son appartement, où ils vont vivre pendant plusieurs années. Il ne lui fera que peu de place entre ses murs. Elle qui aimerait avoir une chambre à soi, comme le préconisait déjà Virginia Woolf en son temps, elle n'a ici aucun endroit qui soit réellement à elle. Or, l'écriture requiert ces lieux où l'on puisse se retirer loin du monde. Sophie voit son univers se rétrécir. L'homme avec qui elle vit l'humilie régulièrement. S'il admirait la femme qui semblait se destiner à une carrière littéraire, il ne peut cacher le mépris que lui inspire celle qui décide de devenir enseignante et passe le Capes de lettres. Cette relation d'où la toxicité n'est pas absente ne peut mener nulle part. Sophie mettra du temps à s'en rendre compte, mais une fois que la prise de conscience aura eu lieu, plus rien ne pourra la détourner de son projet : se retrouver.

     

    J'ai aimé ce roman et l'ai lu en quelques jours, frénétiquement. Il m'a fait penser à ces chansons de Souchon où il est question des rêves d'enfant que notre réalité d'adulte a passés sous un rouleau compresseur. Je pense au Bagad de Lann-Bihoué ou encore au Marin.

    Mais la vie doit-elle nécessairement être grandiose pour donner pleine satisfaction à qui la vit ? La course au bonheur ou au succès n'est-elle pas vaine ? Et si, finalement, un quotidien banal valait autant, sinon plus, qu'un destin grandiloquent ? Interrogations à méditer tranquillement en ce dimanche de juillet, sur la plage ou ailleurs ! Enfin, à méditer si l'on veut... On peut tout aussi bien ne pas se poser ces questions ou alors se les poser en choisissant de ne pas y répondre ! Tout est possible, voyons, qu'on ait seize ans ou pas !