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Un bruit de balançoire, le dernier livre de Christian Bobin

Christian Bobin est, je crois, le spécialiste de la nage à contre-courant ! L'époque est au misérabilisme ? Allons bon, il fera les louanges des petites joies, il dira avec bonheur le gracieux ballet des nuages dans le ciel, le chant des rivières ou celui d'un merle qui n'a rien à envier au génie de Jean-Sébastien Bach ! On prône l'oubli rapide et le nécessaire travail de deuil ? Peu lui chaut, il écrit, par-delà plusieurs décennies, à la compagne tant aimée et trop tôt disparue. Le siècle est tout sauf épistolaire ? Qu'à cela ne tienne, le voilà qui décide d'adresser des missives à des êtres, et même à des objets ! Son dernier livre, Un bruit de balançoire, est donc un recueil de lettres, bouteilles à la mer voguant vers de bien chanceux destinataires : des sœurs et des frères en écriture, des fantômes du passé venus illuminer le présent, des objets du quotidien. Ainsi ce pauvre petit bol, malencontreusement fracassé, et auquel son propriétaire endeuillé adresse des lignes émues, célébrant leur joyeux compagnonnage de tant d'années. C'est, de loin, le texte qui m'a le plus touchée dans ce recueil, je ne sais pas pourquoi ! Tout au long de ces pages brûlantes comme autant de soleils, Christian Bobin rend grâce à ce qui l'a embrasé et à ceux qui lui ont insufflé un peu plus de vie encore. La présence rieuse du poète japonais Ryokan, auquel il est fait plus d'une fois référence ici, semble veiller sur ce miraculeux ouvrage. C'est comme si d'étranges liens invisibles s'étaient tissés entre Izumozaki, village où naquit Ryokan, et le Creusot, où habite Bobin. Comme si le poète japonais avait fait rejaillir sa belle sagesse sur la vie et l'œuvre de l'écrivain français !

 

Lire ce livre, c'est un peu comme butiner des fleurs aspergées de lumière. Ou, pour mieux coller à la saison actuelle, sauter de flaque en flaque, et joyeusement en plus ! On trouvera, sous chaque petite étendue d'eau, des univers entiers, des torches incandescentes et des féeries en flammes ! De quoi se nourrir d'étincelles...

Un bruit de balançoire, dites-vous ? Voilà qui rappelle les tendres années et les jardins écrasés de chaleur qu'on délaisse parce que soudain l'on ne tient plus sous l'implacable soleil de plomb ! Dans la cour rendue à sa mélancolie privée d'enfance, demeure comme une musique : celle d'une balançoire qui danse encore au milieu des papillons !

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