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  • A lire de toute urgence : Une façon d'aimer, de Dominique Barbéris...

    Il est des livres tellement délicats qu'on ne peut y entrer que sur la pointe des pieds. On sent immédiatement qu'il faudra accorder notre pas au leur, et peut-être bien qu'il s'agit là, tout simplement, de ce que mon regretté Hector Bianciotti appelait le « pas si lent de l'amour »...
    Une façon d'aimer, de Dominique Barbéris, est de ces livres-là. Qui vous renversent en douceur. Qui vous atteignent au plus profond de vous, mais sans vous brusquer. Qui scindent votre vie de lecteur (ou de lectrice, dans mon cas !) en un avant qui s'ennuyait d'eux et un après qui s'en souviendra longtemps. Magie de la lecture, à nulle autre pareille ! On pénètre dans des mondes qui nous sont étrangers et nous deviennent familiers par la grâce des mots !

    Dans Une façon d'aimer, la narratrice évoque une tante à elle qui, dans les années 1950, suit son mari au Cameroun, où le mandat français va prendre fin. Cette tante, c'est Madeleine, une femme élégante et timide. On lui dit souvent qu'elle ressemble à Michèle Morgan.

    À Douala, elle fait de longues promenades avec sa fille, Sophie. Elle accompagne son mari à des soirées mondaines, tout en restant toujours un peu à côté. Cet univers-là n'est pas le sien. Et puis, un jour, un certain Yves Prigent, administrateur en poste, lui aussi, au Cameroun, la remarque. Madeleine intrigue cet homme qu'on dit « coureur ». Le jour de leur rencontre, elle porte une robe à fleurs. Plus précisément à violettes. Yves Prigent relève la distinction de l'imprimé. Plus tard, il rejoindra régulièrement Madeleine lorsqu'elle sera en balade avec sa fille. Ils se parleront peu, et pourtant... Pourtant, ils sembleront se comprendre plus encore dans leurs silences que dans les paroles qu'ils échangeront.

    Le livre dégage une certaine mélancolie, celle-là qui est propre aux amours qui n'ont pas été vécues. Vous savez, celles qui sont si déchirantes de n'avoir pas pu donner leur pleine mesure... On pense à la chanson de Duteil, Les mots qu'on n'a pas dits (oui, j'aime bien Yves Duteil, et je déteste qu'on le présente comme un chanteur niais car il est tout sauf niais), celle qui finit par ces paroles si bouleversantes :

    « Et la vie, doucement, referme de ses plis

    Ces chemins qui s'ouvraient et qu'on n'a pas suivis ».

    On pense également à La route de Madison, ce film (tiré d'un livre) qui nous fait plonger dans les méandres d'une passion qui ne se déploiera que brièvement...

    Durant la lecture d'Une façon d'aimer, on est baigné dans une atmosphère étouffante, celle de la ville de Douala, où la chaleur torride assomme ceux qui la subissent. On se retrouve catapulté dans un monde qui n'existe plus et que l'autrice dépeint minutieusement. On s'attache aux personnages, et notamment à Madeleine, cette femme qui, comme tant d'autres avant et après elle, n'aura vécu qu'à feu doux un amour qui, peut-être, ne demandait qu'à devenir un immense brasier !